Autisme. Trystan travaille au cabinet du président
Trystan Caouren travaille depuis cinq mois au cabinet du président du conseil général du Morbihan. L'aboutissement d'un long combat pour ce jeune autiste, qui « ne supporte pas l'inactivité ».
Sur son bureau, un tas de lettres adressées à François Goulard, président du conseil général du Morbihan. Quand Trystan Caouren a pris son poste contractuel à mi-temps, en décembre, c'était la période des voeux. On lui a ensuite confié d'autres missions, comme le tri du courrier, donc, mais aussi de l'archivage ou toutes sortes de courses entre les services.
« Rigoureux, attentif et volontaire »
« C'est une première étape. Il fallait y aller progressivement, pour apprendre à se connaître », souligne Olivier Gicquel, qui ne tarit pas d'éloge sur son protégé de 20 ans : « Il est très rigoureux, attentif et volontaire ». Le directeur de cabinet du président a pris Trystan sous son aile à la demande de François Goulard lui-même, « qui est très sensible à l'intégration des travailleurs handicapés ». « Tout est parti d'une rencontre improbable avec Jean-Baptiste Goulard (fils et collaborateur de François Goulard). Je ne sais pas pourquoi le courant est passé mais il a promis alors de soutenir nos démarches », rapporte Nathalie Caouren, la maman de Trystan.
« Tout le monde voulait l'envoyer en IME »
C'est le Dr Éric Lemonnier, pédopsychiatre brestois connu pour ses recherches sur l'action d'un diurétique sur la sévérité de certains troubles de l'autisme, qui a diagnostiqué il y a huit ans, chez Trystan, un syndrome d'Asperger, celui des « autistes savants ». « Dès lors, j'ai dû faire la guerre à l'Éducation nationale. Tout le monde voulait l'envoyer en IME (Institut médico-éducatif) ». Après deux années en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté), Trystan parvient à réintégrer le cursus classique en quatrième et en troisième. À presque 18 ans, et avec seulement un Diplôme national du brevet (DNB, ex-brevet des collèges) en poche, il se lance sur le marché du travail. « J'ai obtenu quelques emplois saisonniers et stages non-rémunérés, dans un aquarium et dans des médiathèques, mais rien de plus », regrette Trystan.
« Combat »
Après « deux années de combat », ce crack de l'informatique savoure enfin ce « vrai travail » et n'attend plus que de passer à plein-temps. « Je ne supporte pas l'inactivité ! ». Ça tombe bien, puisqu'Olivier Gicquel pense déjà à la seconde étape : confier à son poulain des missions de collecte et de traitement de données dans un autre service. « L'objectif, dès le départ, était d'aboutir à un emploi pérenne. Mais encore une fois, il faut se donner du temps pour que cela fonctionne ».
- Mathieu Pélicart