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Autisme Breizh Autonomie
2 avril 2013

Cerveau : histoire de la recherche autour de ce magique inconnu

Le cerveau, notre cerveau, est aujourd'hui la vedette de la rubrique science des grands médias. Progrès dans l'imagerie cérébrale, dans la recherche contre la maladie d'Alzheimer, contre l'autisme (décrété grande cause nationale en 2012)... Tout autant de découvertes que de zones d'ombres à éclaircir.

"What rules your brain?" by Tom Barrick, Chris Clark, SGHMS/SPL - Tout droits réservés -

Système nerveux central aujourd'hui, simple "radiateur" du corps humain pour Aristote, le cerveau est, à travers les âges, un objet de fascination scientifique mais aussi artistique.

Paul Broca, médecin, humble héro de son siècle, analysa et chercha ce qui pouvait bien se cacher dans ce volume perché tout au dessus des autres organes de notre corps. Il fit avancé les recherches de Franz-Joseph Gall en matière de phrénologie (théorie d'une organisation segmentée des fonctions du cerveau) et précisa avec justesse et preuve à l'appui l'idée de son prédécesseur. Son nom reste aujourd'hui encore associé à l'aire cérébrale du langage et de la parole, la première qu'il découvrit.

D'une façon plus difficilement définissable, le cerveau fait l'objet de spéculations moins scientifiques que spirituelles quand à la place de l'esprit. C'est là un clivage philo-scientifique existentiel et très vieux. Des philosophes, tel que Descartes, défendirent la théorie du dualisme en quoi l'esprit et le cerveau sont strictement indépendants. Une théorie qui n'est pas sans rappeler une certaine description religieuse et spirituelle de l'âme, bien que très tôt avant Jésus Christ, le grand Hippocrate était déjà convaincu que l'âme se trouvait dans le cerveau (théorie du cérébrocentrisme).

Le représentant "moderne" de cette théorie est surtout connu pour ces concepts psychanalitiques comme l'inconscient, la sexualité - bien réelle - des pervers polymorphes que sont nos adorables rejetons et bien sûr père fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud. Bien que la notion du dualisme chez Freud ne soit au quel cas plus complexe qu'une simple dichotomie physique pleine, entière et constatable, l'honorable autrichien décrit plutôt une tendance dualiste s'exprimant lors de pulsions, sexuelles pour la plupart.

Aussi fut prouvé que notre désir ne puise pas ses sources dans notre foie, et notre amour dans notre coeur. On découvrira plus tard, l'origine biologique et cérébrale des miasmes humains, la mélancolie, la haine, la joie ou encore l'amour.

L'amour et la haine, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski l'a décrit. Par sa plume, l'écrivain russe a fait vivre dans "Petersbourg" des personnages des plus tourmentés, non sans rancoeur et sans peine. Sa description chirurgicale de nombreux sentiments humains font de lui un quasi-psychologue. Nietzsche dira même: "Dostoïevski est la seule personne qui m'ait appris quelque chose en psychologie."

Dans cette montagne de découvertes et de recherches, où commence l'aire nouvelle de la connaissance du cerveau ?

Peut-être bien, aujourd'hui.

Les nouvelles découvertes biologiques font écho à notre précédente référence à la théorie du corps et de l'esprit, notamment dans la recherche contre l'autisme et du syndrome d'Asperger. En effet, tous les spécialistes sont unanimes pour affirmer que la maladie se manifeste de façon organique, reléguant donc les effets psychiques au rang des symptômes, et non plus des causes. Anciennement traité par le packing[1] en hôpital psychiatrique, l'autiste n'est pas fou, mais simplement malade.

En outre, les origines de la maladie demeurent multiples et inconnues et propre à chaque individu touché. La responsabilité, jadis rejetée sur les pauvres parents, est aujourd'hui pluricausale. Dernièrement, une étude dirigé par deux français à démontré que de la bumetanide (un diurétique) utilisé à des doses pour patients chroniques permet d'atténuer les CARS (Chilhood Austim Rating Scale) et les CGI (Clinical Global Impresssions) chez des patients autistes ou atteint d'un Asperger. En clair, "la bumetanide améliore avec précision les émotions perceptibles sur le visage des sujets et améliore l'activation cérébrale dans les aires impliquées dans les relations sociales et les perceptions émotionnelles"[2].

Des résultats très encourageant sont donc déjà là!

De manière générale, le schisme scientifique autour des découvertes n'est plus aussi fort aujourd'hui. Finit les violentes joutes verbales à l'Académie des sciences et toutes ces images de penseurs à moustaches en train de s'étriper, scandalisés par le toupet de leur jeune collègue remettant en cause leur ancienne théorie. C'est par exemple, l'époque de Pasteur et sa lutte pour l'acceptation de sa nouvelle technique révolutionnaire: le vaccin. Difficilement saluée à l'époque, c'est pourtant l'une des plus grandes découvertes modernes!

Cependant, si aujourd'hui les scientifiques se côtoient plus amicalement et courent vers les mêmes finalités, c'est avec amertume que l'on voit les vieux spectres des querelles a priori enterrées, resurgir. C'est notamment l'aveu que fait Denis LeBihan, directeur de NeuroSpin. Il évoque dans son dernier livre, la résistance de la communauté scientifique sur la pertinence et l'avancée que constituée son invention en neuro-imagerie: l'IRM à diffusion, excusé du peu. Seul outil d'observation aussi précis pour les cas d'ischémie cérébrale (AVC), l'IRM à diffusion est aujourd'hui reconnu et utilisé par tous les neurologues.

A l'instar de nombreuses maladies mortelles et incurables, le cerveau devient un objet de recherche voire un enjeu politique. La lutte contre le cancer ou le sida sont largement médiatisés et mis en avant par les politiques de santé de différents gouvernements occidentaux. Pourtant, le cerveau intéresse au plus haut point les Etats-Unis. Selon un communiqué officiel, le gouvernement Obama soutiendrait le projet d'une "carte de l'activité cérébrale" (Brain Activity Map: BAM). Ce projet permettrait de combler un vide de connaissance entre la découverte de Broca (l'association de zones cérébrale et de tâches particulières) et les dernières recherches menées à l'échelle du micron, qui ont permis de savoir comment les messages nerveux s'échangent et comment les connexions entre cellules nerveuses permettent la formation de la mémoire.

Des informations aussi décousues qu'une carte de la France faisant uniquement apparaitre Paris, Marseille, Bordeaux et Lyon, quelques autoroutes avec un zoom précis possible sur quelques quartiers de ces villes! Pour poursuivre notre analogie, le projet BAM devrait rendre possible d'apercevoir les villages, les nationales, les lignes TGV et même le trafic routier! Un projet ambitieux et visiblement très cher puisque requérant des technologies de pointe et qui, d'après The Economist, ne verra pas le jour si Obama n'ouvre pas son portefeuille.


[1] Technique consistant à "envelopper l'enfant autiste dans des draps trempés d'eau glacée et à l'envelopper ensuite de couvertures pour le réchauffer. Le packing est censé apporter au patient une plus grande perception de son corps" D'après Réussir son concours infirmier, Françoise Sanchez

[2] Traduction par l'auteur

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-blanc/010413/cerveau-histoire-de-la-recherche-autour-de-ce-magique-inconnu

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