Scène surréaliste mardi soir dans le hall de la maison communale d’Estaimpuis. Une cinquantaine de riverains de la rue Reine Astrid à Néchin sont venus demander des explications quant à l’implantation d’un centre fermé pour handicapés. Ils se plaignent d’un projet nébuleux et se disent placés devant le fait accompli, n’ayant pas été informés du début de l’enquête publique.

Le hic, c’est que le code wallon de l’urbanisme (CWATUPE) ne prévoit pas de réunion publique pour de tels projets. Comme prévu, les riverains habitant dans un rayon de 50 mètres ont été avertis par courrier. En cas de désaccord après la période de consultation du dossier (qui avait lieu du 4 au 18 février), une réunion d’information est convoquée avec cinq délégués représentant les riverains.

Certains ayant battu le rappel à coups de toutes boîtes, ils n’étaient pas cinq mais bien une cinquantaine à se présenter à la réunion en question. Face à une telle pression, le bourgmestre Daniel Senesael n’a eu d’autre choix que de faire rentrer tout le monde dans la salle du conseil.

« Des patients inoffensifs »

Lors de cette réunion publique totalement informelle, certains riverains avaient visiblement les nerfs à vif. Les promoteurs du projet ont donc été assaillis de questions et ont dû fournir des explications sur leurs intentions : «Ce projet concerne l’implantation d’une MAS, soit une maison d’accueil spécialisée, indique le Docteur Jacob. Elle accueillera septante-cinq patients. Il s’agira de personnes à mobilité réduite, des autistes et des malades atteints du syndrome de Korsakoff. Tous ces patients sont totalement inoffensifs!»

Un argument insuffisant, semble-t-il, pour rassurer les riverains dont les questions ont surtout porté sur l’aspect sécuritaire : « Il s’agira d’un centre fermé, a-t-on insisté du côté des promoteurs.Il sera entouré par des clôtures de 2,5 mètres de haut et des caméras seront installées. Cela ne va pas entraîner de nuisances particulières. Ce n’est pas un supermarché, ni un asile psychiatrique.»

Le projet prévoit par ailleurs de s’intégrer parfaitement dans l’architecture de la rue Reine Astrid :«On ne va pas construire un HLM au milieu des villas. Notre budget est de 7,5 millions d’euros. Cela signifie que l’on va bâtir quelque chose de beau.»

Enfin le choix d’implantation à Néchin a aussi été discuté. Pour les promoteurs, il n’est pas non plus anodin : «Nous allons accueillir beaucoup de patients français et nous avons l’obligation de nous trouver à proximité d’un centre hospitalier français.»

Des créations d’emploi

Pour le bourgmestre d’Estaimpuis Daniel Senesael, il n’y avait aucune raison de refuser un tel projet sur le territoire de l’entité : «Nous avons déjà d’autres institutions et de l’enseignement spécialisé à Estaimpuis, explique-t-il. Cette structure sera un plus au niveau social mais aussi au niveau économique. Ce sont en effet soixante emplois qui seront créés et c’est loin d’être négligeable.»

Le bourgmestre place les craintes des riverains sur le compte de la configuration des lieux : «La rue Reine Astrid est une rue aisée où il règne une certaine tranquillité. Les gens qui y habitent ont peur que la structure pour handicapés leur confisque cette sérénité.»

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130228_00274844